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1104-Club Littéraire - par Raymonde_MICHAUD
Le « club littéraire » de Lorraine-Québec vient de se constituer à l’initiative de quelques membres de l’association et s’est réuni pour la première fois le mercredi 20 avril dernier. Il vous adresse son compte-rendu des échanges sur le thème du jour « Origines de la littérature canadienne et québécoise » sous la plume de Raymonde MichaudÂ…
Grand merci à elle.
Club littéraire
Association Lorraine-Québec
Au début du XXème siècle, Camille Roy est l’auteur d’un manuel d’histoire de la littérature canadienne-française qui fait autorité jusque vers 1950. Plus tard, au cours de la révolution tranquille, la question nationale se fait plus urgente que jamais, la littérature devenant l’expression d’un Québec en effervescence. |
D’une époque à l’autre, l’histoire littéraire du Québec s’accompagne inévitablement de la référence nationale, peu importe si l’on parle de littérature canadienne, de littérature canadienne-française ou, comme ce sera le cas à partir du milieu des années 1960, de littérature québécoise. Notons que, si elle est relativement récente, l’expression littérature québécoise ne désigne pas seulement la littérature contemporaine, mais s’emploie rétroactivement pour parler de l’ensemble de la littérature du Québec depuis les premiers écrits de la Nouvelle-France, c’est-à -dire récits de voyages, histoire de la fondation et correspondances.
En 2007, Michel Biron, François Dumont et Elisabeth Nardout-Lafarge réalisent un travail qui constitue à la fois une mise en situation et une relecture des textes littéraires québécois, des origines à nos jours. |
Embrassant l’ensemble des textes littéraires depuis la Nouvelle-France, les auteurs dessinent le portrait de la littérature québécoise en s’attachant aussi bien à la singularité des œuvres qu’aux transformations du contexte dans lequel elles s’inscrivent. C’est dans ce livre que j’ai puisé les informations que je vous transmets.
Par ailleurs, la question des frontières se pose également dans le cas des écrivains de langue française hors Québec. En évoquant la littérature acadienne et la littérature franco-ontarienne qui défendent leur autonomie, nous avons voulu souligner les liens qui unissent les littératures issues du Canada français.
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Au total, il existe cinq grandes périodes.
Une cinquième période commence, caractérisée par le décentrement de la littérature et marquée à la fois par un pluralisme exacerbé et par l’expansion phénoménale de la production littéraire.
Le 17 décembre 1844, des étudiants en droit et de jeunes commis-marchands de Montréal créent l’Institut canadien. Les Anglais et les Irlandais de Québec et de Montréal possédaient des associations de ce type depuis déjà plusieurs années (Garneau, par exemple, faisait partie de la Literary and Historical Society of Quebec, fondée en 1824), à l’instar des cercles intellectuels qui étaient apparus ux Etats-Unis, en Angleterre et en France depuis le début du siècle. Entre 1840 et 1880 si on tient compte de ces associations anglophones, il y a plus de cent trente associations à vocation intellectuelle dans la région de Montréal, dont la plus active est sans conteste l’Institut canadien. Ni académie, ni salon, ni club, cette association de jeunes gens ressemble à une petite université. L’Institut est divisé à la fin de 1848 en quatre facultés(arts et métiers, sciences physiques, sciences naturelles et lettres) et se distingue avant tout par sa bibliothèque unique en son genre, qui regroupe non seulement une importante quantité de livres, dont plusieurs sont condamnés par Rome, mais aussi une remarquable collection de journaux. En 1858, la bibliothèque compte plus de quatre mille volumes et reçoit une centaine de journaux et de périodiques locaux et étrangers. C’est d’ailleurs la bibliothèque de l’Institut qui est la cible principale du clergé.
Rien de tel n’existait auparavant au Bas-Canada du côté français (la bibliothèque publique de Montréal étant réservée à ses souscripteurs), alors que les Montréalais de langue anglaise pouvaient compter, eux, sur une bibliothèque publique depuis les années 1820. L’Institut veut cependant être davantage qu’un cabinet de lecture : il se présente comme un forum de discussion, un lieu de débat qui se détourne de l’héritage classique pour accorder toute son attention aux enjeux pratiques de la vie moderne. Comme partout ailleurs, on y est naturellement patriote. A ses débuts, sa constitution exclut même tous ceux qui ne sont pas canadiens-français.
Il y eu un esprit « fin de siècle » au Québec comme il y en a eu un en Europe. Même s’il s’est limité à des revues marginales et n’a pas produit d’œuvres importantes en dehors de celle de Nelligan, il n’en a pas moins existé et permet justement d’expliquer l’arrivée soudaine de l’auteur du « Vaisseau d’Or » ,qui autrement semblerait surgir de nulle part... |
La culture du siècle s’apparente à une forme de loisir luxueux et constitue un signe, parmi d’autres, de l’essor d’une bourgeoisie francophone en mal de divertissement. Le théâtre, l’opéra, le vaudeville ou le burlesque rythment la vie urbaine au même titre que les concerts au parc Sohmer ou les nouvelles activités sportives qui passionnent cette bourgeoisie. C’est aussi au moment où émerge cette classe bourgeoise que se développe une poésie nouvelle, tournée vers la célébration de l’art. Cette fonction proprement esthétique accordée à la poésie, et plus généralement à la littérature dans son ensemble, semble répondre au besoin de créer une « élite intellectuelle canadienne-française ».
L’Ecole littéraire cherche par là à s’intégrer dans l’élite cultivée de Montréal. Elle ne se présente pas comme une avant-garde et ne sacrifie pas longtemps au rituel contestataire de la bohème. Ses principaux membres ne sont pas de marginaux et des révoltés, mais des bourgeois respectables. Aucun de ces poètes en herbe ne publiera le moindre recueil avant la dissolution provisoire de l’Ecole littéraire en 1899, mais ils constituent un milieu grâce auquel un jeune poète comme Nelligan à pu se faire connaître.
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